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Malaise dans l’énonciation 

Malaise dans l’énonciation 

Malaise dans l’énonciation 

« …mais bon…je dis ça, je dis rien ! » 

En écoutant lors d'une conversation pour la énième fois cette expression, je me suis interrogé sur la signification qu’occupe cette tournure langagière dans le discours de nos contemporains. 

Il est vrai que la parole est une instance omniprésente dans notre quotidien. Pas la parole faisant référence à un langage structurant (« l’inconscient est structuré comme un langage »), mais la parole en tant que blabla signifiant d'un langage actuel, d'un discours commun. 

Une prétérition, dit le Larousse, est « une figure de style par laquelle on affirme passer sous silence quelque chose dont on parle néanmoins » ! 

Alors, dénégation contemporaine ? Artéfact langagier? 

Il me semble que ce « tic » expressif témoigne surtout de la façon dont les sujets aujourd’hui ont du mal à soutenir leur parole, en tant que sujet premier de leur énonciation. Tout en essayant d'en dire quelque chose, le sujet soustrait immédiatement sa parole de la place de son énonciation. L’utilisation à outrance des réseaux sociaux montre bien cela, et exemplifie cette tournure rhétorique, en amenant là le point symptomatique que cela traduit dans notre social, à savoir cette difficulté à accepter le manque originel, l'incomplétude, en voulant tout de suite le combler, l'annuler dans un soucis d’égalitarisme et de maîtrise d’un tout par sa réciproque : « ça et rien ». 

Une parole qui fait acte pour un sujet, ne peut être que celle qui implique qu’aucun retour en arrière n’est possible afin de maintenir un 

manque, ou pour le dire autrement, celle qui s’inscrit dans un Réel, et qui comme l'a explicité Lacan, renvoie à un impossible, « impossible à atteindre d’une façon ou d’une autre ». Ne nous y trompons pas ! Ceci est capital. 

Parler implique un certain nombre de choses et en premier lieu, un renoncement, celui de vouloir occuper toutes les places. La seule façon de tenir une place subjective en tant qu’homme ou en tant que femme, c’est du côté d’une énonciation qui ne vaut que si celui qui parle en sacrifie une part de jouissance, « opération pas facile à réaliser » dit Lacan, puisque ce dont il s'agit dans l’énonciation, « c'est qu'un sujet s'escamote de lui-même ». Mais sommes-nous prêt, aujourd’hui, à ce sacrifice? 

Mais…je dis ça, je dis rien !! 

28/05/2020 

J. BERAUD 

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