HOMMAGE A MUSTAFA SAFOUAN

Mustafa SAFOUAN était venu à Clermont-Ferrand. C’était en mai 1989 et sur une proposition que m’avait faite Charles Melman à son cabinet : « Mustafa Safouan a écrit un beau livre sur le transfert ; personne n’en parle ; invitez-le à Clermont Ferrand ! ».

J’ai donc organisé la venue de Mustafa Safouan avec le Professeur André-Julien Coudert. J’ai demandé à Charles Melman de venir également, ce qu’il a fait volontiers, avec Christiane Lacote. Coudert a invité le délicieux Christian Simatos ainsi que Ginette Raimbault. Cette journée s’est effectuée, samedi, à l’Hostellerie St Martin de Pérignat es Sarlièves. Le diner fut riche et savoureux – en anecdotes également bien sûr – Jean Thiriat était présent mais nous avons regretté que la faconde habituelle d’André-Julien C. nous prive des propos de Mustafa Safouan. Celui-ci, discret, dans la voiture qui le menait de l’aéroport à l’hôtel ne cessait de regarder par les fenêtres de la voiture en répétant « c’est où ici.. ; comment ça s’appelle ? – Clermont-Ferrand Monsieur ! ». Il revenait du Brésil et avait failli ne pas partir à temps, son passeport étant périmé  à la date de ce départ de retour !

La journée se déroulait de façon sympathique. On peut trouver le texte de Simatos dans le Bulletin n° 38 de l’Association freudienne. Il y avait des internes en Psychiatrie. La règle dans les colloques de psychiatrie suivait celle en médecine : exposé d’un quart d’heure avec matériel vidéo etc. Au bout d’un quart d’heure d’introduction Safouan se lève et dis « je commence à parler »…

Présenté au Pr. Planche, Melman lui demande s’il veut bien intervenir à propos de Jung. Refus.

Plus tard lors de la visite de nous tous de la basilique Notre dame du Port un gamin quémande de l’argent. Curieusement, ce qui ne manque pas de nous faire rire, il ne s’adresse qu’à Mustafa Safouan ! Safouan l’Arabe à la haute stature et à l’air doux. Transfert ? Il sort alors quelques pièces qu’il donne au gamin.

Mustafa Safouan avait projeté de revenir. Il pensait que venir un we en avion dans cet hôtel et sa région serait plus intéressant que les retours sur Paris en voiture… Mais la vie…

Une pensée pour un psychanalyste qui a donné de son savoir et qui l’a articulé méticuleusement dans ses livres.

Il a fait parti des psychanalystes que j’ai rencontrés à Paris afin de déterminer avec qui « je ferai mon analyse ». Je ne l’ai pas «  choisi ». Sans doute sa haute stature, son air sombre et ses silences m’ont impressionnés. 

Je l’ai revu longtemps après à Strasbourg avec Lucien Israël. Ils m’ont fait découvrir un excellent Gewürztraminer vieille vigne !   Le gout du travail sérieux et des plaisirs de la vie.

Jean-Louis Chassaing, ce 10 novembre 2020